INTERVENTION DE SYLVAIN GAREL SUR LA TOXICOMANIE LORS DU CONSEIL DU 18ème ARRONDISSEMENT LE 15/10/01

Malgré l'heure tardive, je souhaite prendre un peu de temps pour exposer les raisons qui amènent les éluEs du groupe Les Verts à voter contre le voeu déposé par Madame Roxanne Decorte et en faveur de celui déposé par la Maire du 18ème arrondissement au nom de la majorité.

Dans son voeu, Madame Decorte souhaite "rendre effective l'interdiction du trafic de drogue" dans le quartier La Chapelle. Ici, comme ailleurs, ce voeu est illusoire si l'on s'en tient aux solutions strictement policières comme le fait l'élue du RPR.
Bien sûr, la présence de forces de police est nécessaire dans l'immédiat pour sécuriser les quartiers où se concentrent toxicomanie et trafic. Mais, elle n'est absolument pas suffisante.

Nous devons rapidement mettre en place une politique ambitieuse en matière de toxicomanie à Paris. Cela passe par la création d'équipes de rue spécialisées dans toute la capitale à l'instar de celle qui intervient dans le 18ème - la seule dans tout Paris - et dont je tiens à saluer l'excellence du travail. Ces équipes doivent se multiplier afin de pouvoir intervenir de jour comme de nuit dans tous les arrondissements où leur présence est nécessaire. Pensez qu'une ville comme Francfortk, trois fois moins peuplée que Paris, compte une douzaine d'équipes de rue.

Il faut aussi ouvrir des lieux d'accueil pour les toxicomanes. Dans le 18ème il en existe déjà. Nous devons conforter leur action. Il faut rapidement en créer d'autres dans plusieurs arrondissements ainsi que dans des villes de la banlieue parisienne. Ces lieux doivent permettre aux usagers de drogue de pouvoir - s'ils le souhaitent - sortir de leur dépendance. Lieux d'accueil de jour, de nuit, centres méthadone mais aussi des lieux où les toxicomanes peuvent consommer leurs produits en toute sécurité et ne sont plus contraints de se shooter ou d'inhaler du crack dans des cages d'escaliers, sur des trottoirs, dans des squares...

Il faut aussi avoir le courage d'aller plus loin dans cette politique de réduction des risques. Comme dans d'autres villes européennes, nous devons essayer de casser le marché de la drogue en fournissant les substances aux toxicomanes qui ne peuvent ou ne veulent décrocher et/ou entrer dans un programme de substitution. Ainsi nous leur permettront d'échapper aux pratiques délinquantes (trafics, vols, agressions...) ou à la prostitution utilisées par ces excluEs pour se procurer chaque jour les centaines - voire les milliers - de francs nécessaires pour acheter les produits dont ils dépendent.

Il ne faut jamais oublier que les premières victimes de la toxicomanie sont les usagers de drogue dépendants. En nous préoccupant de leur santé, de leur intégrité, en leur permettant de ne plus dépendre des circuits maffieux de la drogue, nous les aideront à sortir de l'enfer où beaucoup se trouvent. C'est aussi le meilleur moyen pour éviter que le trafic de drogues et la toxicomanie ne détruisent certains de nos quartiers et rendent difficile - pour ne pas dire impossible - la vie de milliers de parisiens qui ont pour seul tort d'habiter ou de travailler dans des quartiers trop longtemps laissés à l'abandon.

Bien sûr, comme vous le demandez Madame Decorte, il faut, pour mettre en place une telle politique, une concertation régulière entre les élus parisiens, la police, et les associations. Mais pas uniquement les représentants de ceux qui manifestent depuis quelques mardis autour de Stalingrad, mais aussi les associations qui interviennent dans le domaine de la toxicomanie ainsi que celles regroupant des usagers de drogue. Ce sont aussi des citoyens.

Prochainement, le groupe des éluEs Verts au Conseil de Paris fera des propositions concrètes pour la mise en place d'une véritable et innovante politique parisienne en matière de toxicomanie. Nous sommes certains que - dans ce domaine comme dans d'autres - la nouvelle majorité municipale fera preuve de courage politique.